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J’ai testé… les raquettes à La Plagne !

A l’heure où, malgré les incertitudes liées à la pandémie, on commence à programmer nos vacances d’hiver, j’ai bien envie de vous parler de La Plagne ! Cette station de sports d’hiver, avec ses 425 kms de pistes de ski –Paradiski- est le paradis… des skieurs. Pour les autres, c’est l’enfer. Enfin c’est ce que je croyais, jusqu’à ce que je teste… les raquettes ! Une belle découverte, et même une révélation !

Quand on parle de la montagne en hiver, on est « attrapé par le marketing des professionnels du ski, à tel point que l’on imagine mal d’autres activités, souligne Daniel Truel, accompagnateur en montagne et organisateur de randonnées en raquettes à La Plagne. « Construction des remontées mécaniques, traçage des pistes, enneigement artificiel… le domaine skiable, toujours plus étendu, s’édifie au détriment de l’environnement. Or, les raquettes font partie de ces propositions alternatives qui rompent avec cette logique de tourisme de masse. Un équipement minimaliste (des raquettes aux pieds et des bâtons entre les mains !) permet de s’écarter du domaine skiable, donc de la foule, des files d’attente, du bruit… Une belle façon de s’immerger dans un milieu naturel, de se reconnecter à son environnement, tout en effectuant un effort physique qui se rapproche de celui de la randonnée, non violent et non accidentogène ».

Une sortie en raquettes

Mais où pratiquer les raquettes à la Plagne ?

C’est la question que l’on se pose quand on  découvre pour la première fois ses paysages montagneux jalonnés de télésièges, téléskis, et autres télécabines… Or, il existe ici une grande variété de paysages, à l’écart des pistes, que l’on peut parcourir (parfois exclusivement !) en raquettes. On peut par exemple grimper jusqu’au sommet du Mont Saint Jacques (2407 m) qui offre une très belle vue sur la vallée de la Tarentaise et le massif du Mont-Blanc, explorer les forêts et y cheminer le long des ruisseaux, descendre au fond d’un canyon, découvrir les dolines…

En raquettes, le long d’un bief…

Les dolines ? « Un écosystème unique au monde et fabuleux, souligne Daniel. Que l’on parcourt, l’hiver, uniquement en raquettes. A pied, c’est trop dangereux -à cause de la hauteur de neige-, en ski, c’est interdit, la zone étant classée Zones Naturelles d’Intérêt EcologiqueFaunistique et Floristique. » Recouvert d’un manteau blanc, ce territoire prend une apparence lunaire, ressemble à un désert blanc constitué de « collines » et de  cavités (les dolines) parfois très profondes. « Il s’agit d’un ancien fond marin exhaussé pendant la formation de la chaine des Alpes. Cette zone constituée de gypse (roches tendres salines et sableuses) s’est désagrégée au fil du temps, formant ces dolines. » Un paysage enchanteur mais aussi un terrain de jeu particulièrement ludique et sportif : en raquettes, on parcourt les crêtes, on descend au fond des dolines sur ses deux jambes (agilité du bouquetin requise !)  ou sur ses fesses (spontanéité de l’enfant retrouvée…), c’est selon ses envies… ou ses « possibilités » ! Et on prend surtout le temps de s’arrêter, de contempler, de respirer…

Les dolines à La Plagne, un désert blanc unique au monde
Seul au monde… ou presque !

En ¾ d’heure de bus (Daniel possède un minibus vert rempli à ras bord de raquettes et assure ainsi le transfert des raquettistes quand cela est nécessaire !) on peut aussi filer dans le Beaufortain, « un domaine situé en face de la Plagne non parcouru par le ski, avec des animaux sauvages comme les chamois ou les bouquetins, que l’on peut observer au télescope ! Bref, chaque jour on peut varier les expériences et les paysages… »

Séance d’observation dans le Beaufortain… chamois en vue !

En pratique…

Les raquettes ont la réputation d’être « plan-plan », traduire peu sportives et un rien ennuyeuses.

« plan-plan » les raquettes ?

Certes, ce peut être le cas dans certaines circonstances. Notamment :

-si on suit les sentiers (d’où l’intérêt de partir en groupe avec un guide !) 

– si le guide suit les sentiers 😉

-si le groupe compte plus de 15 personnes (ce sera alors plan-plan… ou dangereux !!)

Mon expérience ? Des marches de 3 à 4 heures (parfois à la journée) en petit groupe de 5 à 12 participants au maximum. Avec en alternance de belles ascensions qui impliquent de bien gérer sa respiration ; mais aussi la descente de versants pentus –et parfois impressionnants !

Un toboggan glacé… et une glisse parfois rock and roll !

Ainsi j’ai appris que la pratique en dehors des chemins balisés nécessite un peu de technique ; que l’on peut éprouver de belles sensations de glisse (sur les fesses le plus souvent mais qu’importe !) et que l’on peut toujours se perfectionner (enfin jusqu’à un certain point, impossible de rivaliser avec l’agilité du bouquetin… ou celle de Daniel !).

Mais aussi que les raquettes permettent de passer à peu près partout : dans la neige abondante et poudreuse (le pied !) mais aussi sur une neige durcie, croûteuse, voir verglacée. « C’est ce qui fait l’intérêt des raquettes, mais aussi leur danger, souligne Daniel, dès lors que l’on s’aventure seul, non encadré par un professionnel de la montagne. Une méconnaissance de la pratique de la montagne enneigée peut rapidement vous mettre en situation périlleuse, dangereuse, voire mortelle ». Au guide de choisir l’itinéraire adapté aux conditions météo (attention aux risques d’avalanche quand on s’aventure seul en dehors des sentiers !), de s’assurer que les participants ont le matériel et l’équipement adaptés (gants de ski, chaussures de marche, plusieurs couches de vêtements, bouteille d’eau…) et de donner quelques informations techniques pour se déplacer confortablement et en sécurité, mais aussi bien gérer sa respiration, son souffle, et l’effort. A noter : si la pratique est accessible à tous, dès 8 ans environ, il existe de vraies contre-indications que sont l’obésité, les maladies cardiovasculaires… ou encore les entorses au genou du skieur !

Muscles… et plaisir !

Une semaine de raquettes tonifie et muscle de façon étonnante : l’ensemble de la musculature est sollicitée, celle des jambes mais aussi du haut du corps (bras, abdos), mobilisé par l’usage des bâtons. On booste son endurance, bien davantage que si l’on marchait en plaine : la neige alourdit les pas et l’altitude -et le manque d’oxygène- intensifie les efforts respiratoires… « On élargit aussi son horizon, on dépasse -en toute sécurité- ses limites… Mais on n’est pas là pour en baver !, sourit Daniel. La dimension « plaisir » est essentielle ». Le mien ? Faire mes traces dans la poudreuse immaculée, m’imprégner du silence d’une forêt enneigée, mais aussi contempler les paysages blancs et lumineux qui se détachent sur le bleu profond du ciel… Des images que j’imprime dans mon cerveau, et que je réactive à l’envi les jours de grisaille parisienne…

Une belle image pour les jours gris

On y va quand ? Du début de l’hiver jusqu’au printemps, où il n’est pas rare de faire des raquettes en tee-shirt !

Le site de Daniel Truel

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