Comment prévenir le burn-out… chez l’enfant ?
Le burn-out n’est plus réservé aux adultes… mais gagne du terrain chez les enfants. Décodage avec Béatrice Millêtre, docteur en psychologie.*
En quoi le burn-out, réservé au monde professionnel, peut-il concerner les enfants ?
Chez l’enfant, comme chez l’adulte dans le milieu professionnel, le burn-out est principalement lié au sentiment de travailler inutilement, avec des objectifs inatteignables. A la clé, des enfants épuisés par leur « métier » d’élève.
Quelles en sont les causes ?
D’abord une pression anxiogène entretenue par les parents et/ou les enseignants aux exigences toujours plus fortes : aujourd’hui, un 14/20 est jugé faible, un 8/20 est « nul »… L’élève obtient un 20/20 ? Il en a donc les capacités… et devra s’y tenir ! Je ne jette pas la pierre aux parents qui font au mieux dans un contexte social où 1 adulte sur 2 a peur de devenir SDF… Mais un enfant de CP ou de 6ème n’a pas à supporter cette anxiété. ; dire à son fils de 7 ans qu’il ne doit pas redoubler s’il veut plus tard intégrer une école de vétérinaire est incohérent. Moi, j’apprends à mes jeunes patients qu’il est honnête de se situer un peu au-dessus de la moyenne. Et que si on rate un jour le concours d’une grande école, on pourra toujours emprunter des chemins de traverse pour atteindre ses objectifs…
Y-a-t-il d’autres explications au burn-out ?
La perte de sens en est une autre composante : qu’elle soit liée au sentiment de travailler en vain, mais aussi à un discours adulte qui manque parfois de cohérence, et déconcerte l’enfant. Comment, par exemple, exiger de son enfant qu’il aille à l’école –et obtienne d’excellents résultats !- quand par ailleurs on lui demande constamment son avis ? S’il faut tenir compte des goûts et de la personnalité de l’enfant, il est des domaines –dont celui de la santé- où ce dernier n’a pas à décider. Or, il m’arrive de rencontrer des parents qui renoncent à faire vacciner leur enfant parce que celui-ci redoute les piqûres…
Qui sont ces enfants qui craquent ?
A l’image des adultes, il s’agit souvent d’êtres sensibles, perfectionnistes, exigeants envers eux-mêmes, mais aussi très à l’écoute des autres, volontiers altruistes. Les signes avant-coureurs ? Un épuisement soudain, sans raison objectivable. L’enfant est fatigué –ce qui peut se répercuter dans ses résultats scolaires-, dort mal, a en permanence les larmes aux yeux, prend à son compte la moindre réflexion… Ce qui peut survenir dès l’âge de 7 ou 8 ans, le risque augmentant au collège et au lycée.
Comment réagir face à ces signes avant-coureurs ?
L’enjeu est d’éviter la survenue d’une dépression. On sort donc l’enfant de l’école pendant quelques jours –la souffrance psychique constituant une urgence au même titre qu’une jambe cassée !- afin qu’il puisse souffler, se requinquer. L’image d’Epinal ? Un séjour chez une mamie gâteau, où l’enfant passe son temps à lézarder au soleil et à manger ses gâteaux préférés. Ce qui n’empêche pas de consulter le médecin généraliste ou le psychologue pour se faire seconder et remettre les choses à plat. Ce break peut suffire à enrayer les choses. Ensuite, on veillera à relâcher la pression à l’école –en limitant aussi les activités extra-scolaires-, à mieux écouter ses inquiétudes, ses désirs… Ce qui passe peut-être par un temps de meilleure qualité avec l’enfant.
*Auteur de Le burn-out des enfants, comment éviter qu’ils ne craquent, ed. Payot (9 mars 2016)